Quels sont les principaux perturbateurs endocriniens et où les trouve-t-on?



Après avoir évoqué dans mon précédent article (Les perturbateurs endocriniens qui empoisonnent notre vie) les effets délétères des perturbateurs endocriniens et les problèmes de santé majeurs qui peuvent induire, la question qui se pose maintenant est de savoir où se cachent ces fameux perturbateurs hormonaux pour les éviter et préserver notre santé.

Malheureusement, les perturbateurs endocriniens sont omniprésents dans notre environnement, notamment dans ce qu’on mange, dans l’eau qu’on boit, dans l’air qu’on respire. Ils entrent essentiellement dans la composition des produits de synthèse fabriqués par l'homme tels que les produits d’hygiène et de beauté, les produits d’entretien, les matériaux domestiques, les pesticides... Certains composants chimiques de synthèse sont des perturbateurs avérés, d'autres des perturbateurs suspectés, certains sont interdits d'autres sont encore sur le marché et le consommateur est perdu. De plus, les perturbateurs endocriniens présumés connus actuellement ne constituent, d’après l’OMS (l'organisation mondiale de la santé), que « la partie émergée de l’iceberg ». Il faut mettre au point  davantage de tests plus performants capables d’évaluer l’activité perturbatrice endocrinienne d’un grand nombre de substances chimiques, leurs sources, les différentes voies d’exposition [1]. A ces substances de synthèse s’ajoutent les perturbateurs endocriniens d’origine naturelle (hormones naturelles et phytoœstrogènes).

Nous sommes exposés aux perturbateurs endocriniens par de multiples voies (orale, respiratoire, cutanée, parentérale…). Néanmoins, l’exposition à ces molécules se fait essentiellement par ingestion et par inhalation et l’alimentation représente la source principale de contamination par PE [2].

Plus spécifiquement, les perturbateurs endocriniens sont présents dans:

  1. L’alimentation : Ce sont certains pesticides et additifs alimentaires reconnus comme perturbateurs endocriniens (voir mon article lien) et les phyto-œstrogènes. (Voir article lien).

  1. L’eau : Ce sont principalement les médicaments à usage humain ou vétérinaire (hormones, qu’elles soient d’origine naturelle (œstrone, œstradiol et œstriol) ou synthétique (éthinylestradiol)) et les pesticides (voir article lien).

  1. Les matières plastiques et les matériaux du quotidien : On distingue principalement le bisphénol A et les phtalates (voir article lien).

  1. Les cosmétiques : Il s’agit essentiellement de certaines substances synthétiques utilisées dans la formulation des produits d’hygiène et de beauté. Pour repérer ses perturbateurs endocriniens, il faut prendre la peine de lire attentivement la liste des ingrédients (la liste INCI : Nomenclature Internationale des Ingrédients Cosmétiques), souvent écrite en caractères minuscules sur les étiquettes. Les molécules identifiées comme perturbateurs endocriniens (suspectés ou avérés) sont :

  • Le triclosan : est un antiseptique, un désinfectant mais aussi un conservateur largement utilisé dans les produits d'hygiène et cosmétiques notamment les savons, les gels douches, les déodorants, les dentifrices, les bains de bouche.

  • Le triclocarban : est un autre antiseptique appartenant à la même famille chimique que le triclosan.

  • Les parabènes : sont également des conservateurs très utilisés dans les produits cosmétiques mais aussi dans les produits pharmaceutiques et en agroalimentaire. On distingue principalement 6 types de parabènes les plus couramment utilisés qui se cachent parfois sur les étiquettes sous leur nom chimique ou leur code additif (dans les aliments):

- méthylparaben : parahydroxybenzoate de méthyle : E 218 et E 219 pour son sel de sodium

- éthylparaben : parahydroxybenzoate d’éthyle : E 214 et E 215 pour son sel de sodium

- propylparaben : parahydroxybenzoate de propyle : E 216 et E 217 pour son sel de sodium

- isopropylparaben : parahydroxybenzoate d’isopropyle

- butylparaben : parahydroxybenzoate de butyle

- isobutylparaben : parahydroxybenzoate d’isobutyle

Dans le domaine des cosmétiques, seulement quatre parabènes sont admis par la réglementation européenne (méthyl-, éthyl-, propyl-, butyl-parabènes) [3].

  • Les silicones : sont des composés issus de la chimie, utilisés comme agent de texture. On les rencontre très souvent dans shampoings, crèmes et déodorants. On peut les repérer dans la liste des ingrédients sous ses noms : cyclotetrasiloxane, cyclopentasiloxane, dimethicone et tout nom dérivé de siloxane ou methicone.

  • Les phtalates : sont des composés chimiques principalement utilisés comme plastifiant dans les matières plastiques, mais aussi incorporés comme fixateurs dans de nombreux produits cosmétiques (vernis à ongles, laques pour cheveux, parfums, déodorants, shampoings, savons…). L'industrie cosmétique en Europe n'utilise qu'un seul phtalate : le diethylphtalate (DEP). Soyez prudent ! Ce phtalate peut se cacher derrière ces deux mots « fragrance » ou « parfum » sur la liste des ingrédients (lorsque le parfum utilisé est synthétique) parce que les industriels ne sont pas tenus de le mentionner.

  • Butylated hydroxyanisole: est un antioxydant de synthèse, employé comme conservateur dans les produits cosmétiques afin de protéger les lipides du rancissement. Il est aussi utilisé dans certains produits alimentaires, certains médicaments et compléments alimentaires. Il est indiqué sur la liste des ingrédients soit par son nom (Butylated hydroxyanisole), soit par son abréviation (BHA).

  • Butylated hydroxytoluene (BHT): est également utilisé en tant qu’antioxydant dans les produits cosmétiques. Il est souvent utilisé pour substituer le BHA, substance potentiellement préoccupante en raison de son profil toxicologique inquiétant. Il est mentionné sur la liste des ingrédients soit par son nom (Butylated hydroxytoluene), soit par son abréviation (BHT);

  • Les alkylphénols et les alkylphénols éthoxylés: sont des substances chimiques largement utilisés dans l’industrie (cosmétiques, textiles, produits de nettoyage, peintures, plastiques…) comme détergents, émulsifiants, agents mouillants, stabilisant, dispersant. Ils figurent sur les étiquettes sous les noms suivants: n-nonylphénols, nonylphénols polyéthoxylates, n-nonoxynol (un composé de nonylphénol, aussi identifié comme : nonaethylene glycol nonylphenol ether; PEG-9 nonylphenol ether,), octylphénols ou tout nom dérivé de nonylphénol.

  • Résorcinol : est une substance chimique utilisée dans la formulation de produits cosmétiques, essentiellement de colorants capillaires. Même les colorations dites végétales ne garantissent pas son absence. Ce produit chimique peut apparaître sur les étiquettes sous ces différents noms: 1,3‐benzenediol ; 1,3‐Dihydroxybenzene ; 3‐Hydroxyphenol ; C.I. 76505 ; Eskamel ; m‐dihydroxybenzene ; m‐Hydroquinone ; Resorcin.

  • Lilial : est une fragrance synthétique utilisée comme agent parfumant dans de nombreux produits cosmétiques et produits ménagers. Cette molécule dégage une senteur florale forte et fraîche évoquant le muguet. C’est sous son nom de butylphenyl methylpropional que l’on pourra l’identifier sur la liste des ingrédients.

  • Les filtres ultraviolets : sont des substances qui entrent notamment dans la formulation des produits de protection solaire, mais qui sont aussi présents dans certains shampoing, vernis à ongles, crèmes de jour... Ils se divisent en deux catégories de molécules: les filtres chimiques (ou organiques) et les filtres UV minéraux (le dioxyde de titane et le dioxyde de zinc.). Seuls les premiers sont pointés du doigt. En fait, il existe plusieurs filtres chimiques autorisés en Europe [4]. Certains d’entre eux sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens tels que le 4-Méthyl benzylidène camphre, l’Ethylhexyl methoxycinnamate, Benzophenone-3 (oxybenzone). (Voir mon article: sur les filtres solaires)


Étant donnée la difficulté de fournir une liste exhaustive des perturbateurs endocriniens, j’ai essayé de citer les plus connus et les plus courants en industrie. De cette façon, j’espère aider le consommateur à les identifier et ainsi éviter tous les produits pouvant contenir ces polluants. Bien que prendre le soin d’utiliser des produits cosmétiques exempts de ces substances perturbatrices peut nettement contribuer à réduire notre exposition aux perturbateurs hormonaux, se tourner vers les produits 100% naturels et au fait maison reste la solution la plus sûre.


[1] https://www.who.int/mediacentre/news/releases/2013/hormone_disrupting_20130219/fr/

[2] https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2016/premiere-etude-nationale-sur-l-exposition-des-femmes-enceintes-aux-polluants-organiques

[3] INERIS – DRC-15-136881-10349A Version décembre 15. En ligne : file:///C:/Users/samio/Downloads/Parab%C3%A8nes.pdf

[4] https://ec.europa.eu/growth/tools-databases/cosing/pdf/COSING_Annex%20VI_v2.pdf







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